Une grosse manif se prépare !
Le Tribunal administratif, saisi par 16 associations, ordonnait le 22 avril dernier la suspension des arrêtés des préfets des Pyrénées-Atlantiques et des Landes qui autorisaient dans l'Adour fluvial (du pont d'Urt aux gaves réunis) la pêche professionnelle et amateur aux filets des poissons migrateurs : saumons, aloses et lamproies. Une suspension dans l'attente que soit statué sur la légalité de ces arrêtés ou bien qu'ils soient repris après une procédure régulière.
Malgré ce jugement la pêche aux filets continue comme si de rien n'était. Le collectif des 16 associations dont DMA (Défense des Milieux Aquatiques), AAPPMA, Salmo Tierra et SEPANSO, "constatant que la ligne rouge a été franchie par ceux-là même qui ont la responsabilité de faire respecter les lois, règlements et décisions de justice" ont décidé d'improviser un petit rassemblement pour manifester leur colère. C'est ainsi que le jeudi 5 mai, après quelques coups de fils et envois de mails, une soixantaine de personnes se sont retrouvées, , certaines brandissant des pancartes, sur le bord de l'Adour, près du pont d'Urt, face à la Galupe.
Il était 14 heures lorsque le groupe s'est avancé sur le terre plein surplombant le fleuve. Huit bateaux de pêcheurs aux filets sont arrivés face à eux en déployant des banderoles et en faisant éclater quelques fumigènes au fil de l'eau.
Un dialogue viril s'en est suivi avec des haussements de voix...
Les représentants des associations de protection de la nature firent valoir qu'ils demandaient tout simplement que la loi soit respectée. Les pêcheurs fluviaux (ils sont une vingtaine à détenir l'autorisation) affirmèrent haut et fort la volonté de continuer leur pratique de pêche aux filets. Contrairement aux 17 marins pêcheurs qui sévissent en zone maritime (en aval du pont d'Urt), notamment au port du Bayonne, il refusent de négocier un arrêt définitif avec en contre partie le rachat de leurs droits. Et même, cerise sur le gâteau, des possibilités d'offres d'emplois dans le gardiennage pour les plus jeunes. Ce blocage interpelle. L'attitude des services de l'Etat interroge. Y aurait-il anguille sous roche ?
Par ailleurs, le tour de table pour l'indemnisation des maritimes bute sur le refus du président du Conseil départemental, alors que de nombreux conseillers départementaux, de la majorité et de l'opposition, interrogés sur ce dossier, déclarent tous être favorable compte tenu des retombées économiques que ça représenterait, à travers le tourisme, pour les vallées des gaves... La situation est préoccupante d'autant plus que le Conseil Régional a, depuis longtemps, annoncé son accord de participation mais qui est conditionné à un engagement du département des PA !
En mai 2019 une manifestation d'envergure qui avait réuni dans les 500 personnes s'était tenue au port de Bayonne. Un autre rendez-vous de ce type, avec une bonne préparation et une large communication en amont, est en train de se préciser en coulisse. Elle aura lieu à Bayonne, à Pau, ou à... ? Cette fois, des associations de commerçants et de nombreuses municipalités, conscientes de l'enjeu, semblent vouloir s'impliquer encore davantage.
Il est regrettable que dans ce pays, pour faire triompher le bon sens et l'intérêt général, il faille défiler en brandissant des pancartes et en déployant des banderoles ! Putain que c'est triste d'en arriver là.
Jean Sarsiat