Joyau du XVIIIe siècle, le retable monumental restauré et mis en valeur
Il est rare qu'une petite église rurale renferme une aussi belle oeuvre d'art . C'est même exceptionnel !
Classé Monument Historique depuis 1982, l'imposant retable de 6,5 mètres de largeur et de hauteur recouvre tout le mur. C'est un "retable monumental" du XVIIIe siècle, époque au cours de laquelle les évêques d'Oloron agrandirent l'église datant du XVIe siècle en y ajoutant un clocher-tour.
En 1894, d'artistiques travaux de dorure s'ajoutèrent pour mettre encore davantage en valeur ce patrimoine exceptionnel qui a été classé Monument historique en 1982..
On notera que le retable est imposant par sa taille et qu'il est remarquable par la qualité du tabernacle et des statues en bois doré de Saint Pierre et de Saint Paul, les saints patrons du village. Il est complété par 6 chandeliers en bois doré et une toile de l'Ecole française du XVIIIe siècle représentant la crucifixion.
Un siècle est passé. Le temps a fait son oeuvre. La vermine a attaqué le bois et, de plus, la partie supérieure avait été coupée lorsque la toiture du bâtiment fut abaissée au milieu du XIXe siècle. Il était donc grand temps de procéder au sauvetage de ce remarquable retable. La municipalité monta un dossier sous le contrôle de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) et en profita pour entreprendre des travaux de rénovation de tout l'intérieur de l'église ainsi que du mobilier : réfection complète du bâtiment avec l'édification d'une nouvelle voute, la mise en conformité de l'installation électrique, l'installation du chauffage, la remise en peinture et la restauration de tous les vitraux.
Un travail de bénédictin
En 2009 le retable fut minutieusement démonté et transporté dans un atelier spécialisé, situé dans le Lot, pour de longs et délicats travaux de rénovation.
Dans l'église, sur les murs encadrant le retable, des boiseries sont inscrites à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Peintes d'une couleur beige, leur structure et les restes de polychromie révélaient son ancienneté. Plusieurs couches de peintures ont été enlevées pour entreprendre une restauration qui a remis à jour les couleurs d'origine et a permis de découvrir le nom du peintre et la date de la réalisation : "Ribere, Oloron, 1778".
Le dernier élément complétant le retable est l'originale chaire à prêcher, de style basque, inscrite également à l'inventaire complémentaire des monuments historiques. Sa restauration a permis d'en retrouver la polychromie d'origine, contemporaine de celle des boiseries.
On comprendra que ce fut un gros chantier. Mais il traîna en longueur. Les travaux traditionnels furent exécutés en 3 ans. Pour les parties classées ce fut une autre paire de manches. Le maître de l'art qui avait la responsabilité de la restauration du retable tomba gravement malade et décéda. Il fallut partir à la recherche d'un autre spécialiste pour prendre le relais dans les mêmes conditions techniques et financières. Lorsque tout fut enfin prêt, les éléments du retable furent ramenés à Lay-Lamidou pour reconstituer le puzzle. Comble de malchance, intervint le premier confinement qui retarda de quelques mois la clôture du chantier. Finalement l'église ne retrouva tout son lustre que l'été dernier.
Une réunion avec public restreint (mesures sanitaires) a eu lieu le samedi 30 janvier pour la remise du chèque de l'association des amis de l'église de Lay-Lamidou. Le samedi 6 février, le vicaire général François Bisch, représentant l'évêque, est venu pour procéder à la bénédiction/inauguration.
Les portes sont désormais grand ouvertes. L'église de Lay-Lamidou a retrouvé ses fonctions religieuses et sa tradition d'accueil des visiteurs amoureux de ce qu'il y a de beau et précieux dans notre petit paradis du Béarn des gaves. Ainsi soit-il !
Jean Sarsiat
Le coup de pouce des Amis de l'Eglise de Lay-Lamidou
Le coût de la restauration du retable s'élève à 107 000€ dont 56 000€ de subventions de la DRAC et du Conseil départemental ; la restauration de l'intérieur du bâtiment et mise aux normes se montent à 124 000€ dont 68 000€ d'aides de l'Etat (Dotation Equipement Territoires Ruraux) et du Conseil départemental.
Ce qui représente au total un budget de 231 000€ qui a bénéficié de plus de 50% de subventions. Le reste à charge pour la commune est de 107 000€. Ce fut un dossier bien ficelé.
Mais il est important de souligner l'important élan de bénévolat. Nombreux ont retroussé les manches pour apporter leur contribution.
Une mention spéciale à l'association des Amis de l'église de Lay-Lamidou (Los Amics de la gleyze de Lay-Lamidou) qui a été spécialement créée pour recueillir, dès 2004, des fonds pour la restauration du retable classé aux Monuments historiques. Ont été organisés des concerts de musiques et chants, des représentations de théâtre en Français et en Béarnais, et surtout le traditionnel vide-greniers de fin septembre, devenu le rendez-vous incontournable des chineurs de toute la région.
Mission accomplie. L'association a été dissoute. Une autre est lancée dans le même esprit. Elle a pour nom "Vivre à Lay-Lamidou" avec de nouveaux projets. Très probablement la réhabilitation de la zone naturelle de l'Arrouzé autour du lavoir au Loup (loisir et écologie).
La remise officielle du chèque de 18 082€ à Daniel Arribère, ancien maire, et à Joël Sartolou, maire actuel, par Bernard Desbonnet, président des "Amis de l'église de Lay-Lamidou", entouré de deux membres de l'association, Henri Candau et Babé Laberdesque
Bernard en chef d'orchestre
La restauration de l'église s'est échelonnée sur les deux derniers mandats municipaux de Daniel Arribère pour se terminer au tout début du mandat de Joël Sartolou, dans la continuité républicaine.
L'ancien et le nouveau maire ont tenu des propos élogieux à l'égard de Bernard Desbonnet, président de l'association des Amis de l'église de Lay-Lamidou. Daniel Arribère déclara : "Si tu n'avais pas été là nous n'aurions pas aussi bien réussi à sauvegarder ces merveilles léguées par nos ancêtres. Ta passion pour l'histoire, tes connaissances culturelles, ta persévérance, ta vision, ton sens aigu de l'organisation, sont à la base de ce magnifique résultat".
Joël Sartolou qualifia Bernard Desbonnet "de grand chef d'orchestre" en constatant qu'il n'y a eu... aucune fausse note ! Quant à Babé Laberdesque elle demanda à prendre la parole au nom de tous, pour dire merci à Bernard et Marie-France Desbonnet. Elle insista sur leur engagement qui a été déterminant. "Vous faites partie de notre patrimoine !" n'a-t-elle pas hésité à conclure.
Officier supérieur à la retraite, Bernard Desbonnet, originaire du Nord, en épousant Marie-France, une Béarnaise, est également tombé amoureux du Béarn. Il présida le Cercle Historique de l'Arribère/Navarrenx (CHAr) et est l'auteur de plusieurs ouvrages. Il a été en première ligne, en étroite collaboration avec la municipalité, pour rechercher les origines du "retable monumental", sensibiliser les élus et la population. Il fit prendre conscience de l'intérêt culturel et cultuel de ce joyau qu'un aussi petit village peut s'enorgueillir de posséder.
Laissons le mot de la fin à Bernard Desbonnet : "Depuis l'été 2020, le village a retrouvé son église dans toute son élégance et sa beauté. Elle demeure un lieu de culte, mais aussi un lieu majeur du patrimoine communal qu'il importe de conserver et de faire connaître à l'extérieur. C'est le témoin vivant de ce que nous ont constitué et légué nos ancêtres."