Instant de grande émotion lorsque le cercueil drapé du drapeau tricolore entra samedi dans l'église Saint Vincent de Salies, porté par les petits-enfants du disparu. Le képi cinq étoiles et les insignes de commandeur de la légion d'honneur furent ensuite posés sur le cercueil par Sabine, Vincent et Odile, les filles et fils du général Marie-Jean Rivière, décédé dans sa 81ème année, trois ans et demi après Anne son épouse.
Le général André Pétillot, major général de la Gendarmerie Nationale, venu spécialement de Paris, Anna Nguyen, sous-préfète d'Oloron, et le général de division Dubuis, commandant la région de gendarmerie Nouvelle-Aquitaine, étaient présents au premier rang aux côtés de Denise Saint-Pé, sénatrice des Pyrénées-Atlantiques. Nous avons noté également la présence d'Isabelle Antier, conseillère départementale représentant le CD 64, du préfet de région honoraire Bernard Prévost et du général d'armée Guy Parayre, tous deux anciens directeurs généraux de la gendarmerie nationale. Une délégation de la section de la légion d'honneur était composée du Dr Christiane Prat Caillol, médecin colonel des pompiers, de René Ricarrère, maire honoraire d'Orthez, de Francis Aussat et Annie Lacazedieu.
L'église Saint Vincent n'avait jamais vu autant de képis étoilés. Généraux en active ou à la retraite, mais aussi officiers et sous officiers de tous grades, venus très nombreux pour rendre un dernier hommage à celui qui fut le patron de la gendarmerie sur le territoire français, et qui, par ses actions et décisions a beaucoup apporté à cette institution, la confortant notamment dans son caractère militaire, son prestige et son efficacité sur le terrain.
"Il avait des qualités d'humanité, de bienveillance et d'écoute, des aptitudes au commandement, une grande puissance de travail, des capacités à fédérer et entrainer, qui sont la marque des grands chefs" releva le général Pétillot qui retraça la prestigieuse carrière de Marie-Jean Rivière. Il cita les différents postes de commandement qu'il occupa dont celui, à ses débuts, dans les années 70, de commandant de la Cie de gendarmerie d'Orthez. Le général Rivière a également connu les cabinets des ministres de la défense Pierre Joxe et François Léotard. Il gravit tous les échelons pour accéder aux grade le plus élevé (général 5 étoiles) et à la plus haute fonction dans la hiérarchie de la gendarmerie en France.
La messe fut concélébrée par les abbés Alain Mousquès, curé de la paroisse de Salies, Jean-René Saint-Macary, ancien curé de Salies, et Jean Casanave, ami de la famille Rivière.
L'abbé Jean Casanave débuta son homélie en rappelant ses liens avec JA Rivière : "Je pense être l'un des rares dans cette assemblée, avec Elisabeth sa soeur, à avoir connu Marie-Jean bien avant qu'il ne devienne élève officier ! Pauvre privilège de l'âge ! Nous avons fait 3 années d'études ensemble avant que nos trajectoires ne bifurquent au moment du service militaire". Il rappela quelques souvenirs vécus, à l'époque, à La Flèche où le père de Marie-Jean Rivière commandait une compagnie : "L'accueil rayonnant et toujours joyeux de sa maman, lors des repas du dimanche. Dans une telle ambiance de simplicité et de fraternité chrétienne la personnalité de chacun pouvait se livrer sans retenue sachant qu'elle serait accueillie et appréciée dans un amour partagé. C'est à La Flèche que Marie-Jean a connu Anne sa future épouse, votre mère, votre grand-mère. C'était le temps où résonnaient spontanément dans l'appartement des parents les refrains des chants scouts ou des cantiques nouveaux. Là s'est forgée la vraie personnalité de Marie-Jean que l'on pouvait encore deviner sous les étoiles du képi et que reflète si bien le portrait qui vous fait face dans cette église..."
C'est avec Bouna May Dou Noun Diu, avec Christine Vidal à l'orgue, que se clôtura la cérémonie religieuse.
Pour l'anecdote nous rappellerons que le parcours professionnel de Marie-Jean Rivière l'amena, avec son épouse, à déménager 17 fois ! Mais c'est dans sa propriété du quartier Lesbordes, face à la chaine des Pyrénées, aux confins de Sauveterre et Salies, acquise lors de son passage à la compagnie de gendarmerie d'Orthez, qu'il aimait venir se ressourcer entouré de sa famille. Il s'y fixa la retraite venue, s'intégrant parfaitement dans la vie béarnaise. De tout le Béarn des gaves, ils étaient nombreux à venir lui rendre un dernier hommage et à témoigner leur soutien à sa famille.
J.S.
Lire également : https://www.paysdesgaves.com/2023/06/le-general-jean-riviere-est-decede-dans-sa-81eme-annee.html
Marie-Jean,
Marie-Jean tu étais présent, il y a un an, lors des obsèques de mon frère. Quand j’ai appris que tu étais frappé par la maladie, je t’ai appelé et tu m’as promis de me faire signe dès que tu rentrerais à la maison. Tu as respecté le rendez-vous. Mais ce n’était pas celui que nous avions souhaité ! Nous ne manquerons pas le prochain, celui de la miséricorde : « Soyez miséricordieux comme le Père!! »
Frères et sœurs chacun de nous abrite au moins trois personnes.
D’abord, l’officielle dont vous avez fait brillamment mémoire. Elle se présente souvent comme une trajectoire rectiligne, graduelle et ascendante. Elle répond à une fonction, à des critères sélectifs, à une image convenue. Mais qui dira les conflits intérieurs qui peuvent éclater entre le personnage reconnu et la personnalité profonde?
Il y a aussi en chacun de nous la personne familière, moins raide, plus chaleureuse, plus sinueuse aussi. Je pense être l’un des rares dans cette assemblée, avec Elisabeth sa sœur, à avoir connu Marie-Jean bien avant qu’il ne devienne élève officier ! Pauvre privilège de l’âge ! Savez-vous, ses enfants et petits enfants, que nous avons fait trois années d’études ensemble avant que nos trajectoires ne bifurquent au moment du service militaire. Marie-Jean avait opté pour les EOR et moi je me suis retrouvé à La Flèche au grand Bahut affecté pour partie au service du grand Marab (l’aumônier). Et à la Flèche, providentiellement, j’ai retrouvé la famille Rivière. Le père de Marie-Jean. commandait une compagnie au petit bahut et j’ai pu bénéficier amplement de l’accueil rayonnant et toujours joyeux de sa maman lors des repas du dimanche. Dans une telle ambiance de simplicité et de fraternité chrétienne, la personnalité de chacun pouvait se livrer sans retenue sachant qu’elle serait accueillie et appréciée dans un amour partagé. C’est à la Flèche que Marie-Jean a connu Anne sa future épouse, votre mère et grand-mère. C’était le temps où résonnaient spontanément dans l’appartement des parents les refrains des chants scouts ou des cantiques nouveaux. Là s’est forgée la vraie personnalité de Marie-Jean que l’on pouvait encore deviner sous les étoiles du képi et que reflète si bien le portrait qui vous fait face.
Enfin, en chacun de nous comme en lui-même se cache la troisième personne : la personne secrète, la personne mystère, celle qui est née de l’onction de l’Esprit et de la plongée dans l’eau du baptême. Cette personne échappe à notre connaissance, car il s’agit de cette relation la plus intime, celle que nous entretenons avec notre Créateur et Sauveur, celle qui s’exprime dans le silence d’une prière maladroite ou dans le cri du désarroi. Lui seul, le Père, nous connait mieux que nous-mêmes et heureusement, car il y a des jours où nous pourrions désespérer de nous-mêmes.
De la première personne, l’officielle, on gardera le souvenir d’une carrière consignée dans les archives militaires ou dans la mémoire provisoire de quelques camarades.
De la deuxième, celle de la famille rapprochée ou amicale on gardera l’empreinte vivante qui se reflètera encore dans les traits des petits enfants jusqu’à ce qu’un jour elle rejoigne un arbre généalogique à déchiffrer.
La troisième personne, la mystérieuse se cache dans la connaissance de Dieu et nous savons qu’elle est à jamais vivante et à jamais créatrice. Et c’est dans cette connaissance de Dieu que pourront se réconcilier les trois personnes que toute notre vie nous avons cherché à unifier. « Comme le Père me connaît et que je connais le Père ».
Marie-Jean tu entres plus en avant dans la connaissance miséricordieuse de Dieu. Tu y retrouveras les tiens et ceux qui ont croisé ta route. Qu’Il t’accueille dans Sa Vie, celle que tu laisses en héritage avec une « mesure débordante » à ceux qui te suivent, à tous ceux que tu as aimés et servis. Amen !