Par Jean Sarsiat avec Étienne Czernecka

Patrick Laurent a été élu à la tête de l’AAPPMA du gave d’Oloron, samedi 20 novembre 2021. Il remplace Jacques Gjini, président durant 23 ans, qui a mené la bataille contre la pêche du saumon au filet

Réunis en assemblée générale, samedi 20 novembre 2021, à la salle des fêtes de Carresse-Cassaber, les membres de l’Association de pêche et de protection du milieu aquatique (AAPPMA) du gave d’Oloron ont élu le nouveau conseil d’administration pour un mandat de cinq ans.

Après 23 années de présidence très active, Jacques Gjini ne se représentait pas. Une seule liste, menée par Patrick Laurent, qui avait conclu une entente avec le Collectif 936 (ex « collectif des insatisfaits »), s’est présentée aux suffrages à bulletin secret.

Naoelle et son mari Hervé sont entrés au conseil d’administration.
Naoelle et son mari Hervé sont entrés au conseil d’administration.Jean Sarsiat

Patrick Laurent, vice-président sortant et responsable de la commission des migrateurs, va donc prendre le relais de Jacques Gjini à compter du 1er janvier 2022, à la tête d’un conseil d’administration profondément renouvelé, puisque sur les 15 membres, 10 sont nouveaux.

Le saumon, sujet fédérateur

De toutes ses années à l’AAPPMA, Jacques Gjini garde en tête “à quel point le gave d’Oloron est une rivière exceptionnelle, aussi bien pour le département que pour la France. Cela, j’en étais conscient dès le début mais cette idée s’est accrue avec le temps”. Une motivation supplémentaire pour les pêcheurs afin de protéger la rivière et ses occupants.

Si le gave d’Oloron est aussi réputé, c’est bien entendu pour sa population de poissons migrateurs, et surtout le saumon. “Un sujet qui a suscité beaucoup de polémique, mais qui fédère tous les pêcheurs de ce gave, note Jacques Gjini. C’est une rivière très intéressante pour cet aspect, qui fait qu’on vient de très loin pour y pêcher. Elle a été très abîmée et mérite de retrouver son éclat.”

Baisses constatées “dès les années 80”

Jacques Gjini en vient au principal temps fort qui a animé sa présidence : la lutte contre la pêche au filet dans l’estuaire de Bayonne. “Dès les années 80, on constatait des baisses de population de salmonidés. Il n’y avait aucun contrôle, chacun faisait ce qu’il voulait. Si on ne prenait pas garde, on allait vers la fin des migrateurs.” Alors, les pêcheurs de loisir se sont “restreints eux-même, pour protéger l’espèce”.

Mais face à la pêche au large de Bayonne, ces efforts étaient bien vains. “Il n’y a plus qu’à Bayonne qu’on voyait ça, cette pratique a disparu partout ailleurs !, s’exclame le pêcheur. À l’heure où l’on parle beaucoup de protection de l’environnement, on était en train de tuer une des dernières rivières avec des migrateurs.”

“Pour nous, c’est fabuleux”

Les anciens, qui ne sont désormais plus de ce monde, pestaient déjà contre les filets, “mais aucune action n’a été entreprise. Or il ne suffisait pas de se mettre au bord du gave et d’aboyer pour faire changer les choses”, tacle Jacques Gjini. Lui qui a lancé “la bataille essentielle pour le saumon, avec Pierre Berges”, il y a dix ans, a vu le dossier évoluer à la suite des nombreuses prises de position.

“On a découvert qu’il existait des lois et qu’on ne pouvait pas faire n’importe quoi avec ces rivières, alors nous avons lancé des actions juridiques, poursuit Jacques Gjini. Aujourd’hui, nous sommes bien avancés. Même les pêcheurs professionnels ont reconnu que la pratique devait évoluer. Pour nous, c’est fabuleux : obtenir que des professionnels marins, qui ramassent la part la plus importante de migrateurs, arrêtent de les pêcher contre une indemnité.”

Concurrencer l’Écosse : la promesse

S’il y a d’autres combats importants à mener pour les pêcheurs, comme la disparition de l’alose ou la lamproie, Jacques Gjini pense que celui du saumon connaîtra bientôt une issue positive. “J’ai fait la promesse au maire d’Oloron que d’ici quelques années, on aurait une rivière fabuleuse et des milliers de saumons. Nous n’aurons alors plus rien à envier à l’Écosse ou au Québec”, espère celui qui consacrera désormais son temps libre à sa grande famille... ainsi qu’à la pêche !

Le nouveau président de l’AAPPMA, Patrick Laurent, de son côté, s’est employé à motiver la nouvelle équipe, afin de « continuer à faire évoluer la pêche dans le bon sens. » Signe d’une évolution, justement, les pêcheurs du gave d’Oloron ont, pour la première fois samedi, élu une pêcheuse au conseil d’administration. Il s’agit de Naoelle Palas, de Geüs-d’Oloron. Elle pêche le saumon depuis deux ans et milite pour une pratique sportive et de loisir, dans le plus grand respect de la nature.

Les 4 mousquetaires

 

Patrick Laurent préside l'AAPPMA depuis le 1e janvier. Homme de consensus, soucieux de gommer les clivages pour fédérer les énergies, il est à la tête d'une solide équipe, épaulé du vice-président Pierre Bergès qui fut, ces dernières années, le fer de lance  du combat contre les filets dérivants ; du secrétaire Georges Maisonnave, ingénieur, ancien directeur général des services techniques de la ville d'Agen, retiré dans sa ville natale de Navarrenx ; du trésorier Richard Taris, particulièrement expérimenté qui est "l'assurance tous risques" de l'association.

Vice-président lors de la précédente mandature, aux avants postes de la commission des migrateurs, Patrick Laurent, ancien maire d'Ossenx, est le  d'Artagnan de la nouvelle direction de l'AAPPMA. Pour défendre et promouvoir la pêche du saumon, de la truite mais aussi de toutes les autres espèces qui font la richesse du gave d'Oloron et ses affluents. Un combat aux accents économiques, écologiques et sportifs.