Le coup de pouce du premier ministre !
Les planètes semblent, enfin, alignées. On n'a jamais été aussi près de l'arrêt définitif de la pêche aux filets dérivants. Un vent d'espoir a soufflé dimanche matin, à Auterrive où se tenait l'assemblée générale annuelle de l'AAPPMA du gave d'Oloron.
Pierre Bergès assure depuis deux ans la présidence de cette structure associative qui gère l'une des plus belles rivières de la planète. Mais cela fait 8 ans qu'il se bat, énergiquement, sans compter ni son temps ni sa peine, pour qu'une solution intervienne dans l'estuaire de l'Adour, le seul estuaire de France et même d'Europe, où une douzaine de pêcheurs professionnels barrent avec leurs filets la route des saumons qui entament la remontée pour se venir se reproduire en rivière. Cette situation provoque un énorme gâchis économique, social et environnemental, mille fois dénoncé depuis des dizaines d'années. Mais, hélas, sans résultat jusqu'à présent.
L'AAPPMA a pris ce dossier à bras-le-corps et accentué la pression auprès du Comité de gestion des poissons migrateurs (COGEPOMI) en lien étroit avec les Fédérations de pêche du 64, du 40, du 65. Dans le même temps elle a poursuivi ses contacts avec les pêcheurs professionnels pour s'entendre sur un accord de rachat des licences de pêche qui entraînerait le retrait définitif des filets dérivants.
Depuis ce début d'année un pas qui semble décisif a été franchi avec l'entrée, dans la boucle, des "organismes d'Etat". C'est l'élément qui manquait pour finaliser efficacement le dossier.
Denise Saint-Pé reçue à Matignon
Pierre Bergès, connaissant les relations privilégiées qu'elle entretient avec François Bayrou, a sollicité l'aide de la sénatrice Denise Saint-Pé qui a ses entrées à Matignon. Il donna la parole à cette dernière qui rendit compte de son intervention chez le premier ministre : "Pour être au maximum crédible j'ai minutieusement préparé le dossier avec Pierre Bergès. J'ai ensuite demandé un rendez-vous que j'ai obtenu dans la semaine. Je me suis donc rendue à Matignon, c'était le vendredi 7 mars dernier. J'ai été reçue par un conseiller du Premier ministre, chargé de la pêche, auprès duquel j'ai exposé la situation (il avait déjà été mis au courant par le préfet de région qui est également intervenu auprès du ministère de l'écologie) et j'ai plaidé la demande d'un coup de pouce de l'Etat pour que le gave redevienne le fleuron de la pêche sportive du saumon". La sénatrice est satisfaite de cette entrevue : "Tout semble sur les rails pour mettre tous les protagonistes autour de la table. Le préfet de Région est sur les starting-blocks. On avance."
Pierre Bergès suit ce dossier avec un grande vigilance. "On n'a jamais été aussi près du but". Il espère que 2026 sera l'année de l'accord définitif.
Il rappela qu'il y a 5 ans "sous la conduite de Jean Labour, maire de Sauveterre, on a été à deux doigts de conclure, mais l'implication de l'Etat nous avait fait défaut".
En 2024, 1 000 saumons... et 13 000 aloses capturés dans les filets !
Pour mieux démontrer la situation aberrante à laquelle la pêche amateur est confrontée, Pierre Bergès indiqua que cette année 2024, la plus catastrophique qu'on ait connu, la pêche de loisir (à la ligne) a capturé 58 saumons, tandis que la pêche professionnelle a prélevé dans ses filets dérivants aux alentours de 1 000 saumons !
Autre constat ahurissant : les pêcheurs professionnels ont capturé 19,5 tonnes d'aloses soit approximativement 13 000 poissons.
Donc, en 2024, c'est dans les 1 000 saumons et 13 000 aloses ont manqué dans nos gaves, provoquant une situation ubuesque. En effet, sans ces "pillages" ... il n'y aurait pas eu de fermeture du saumon et autres poissons migrateurs.
Nadine Barthe, conseillère départementale, connaît mieux que personne l'impact économique de la pêche sportive du saumon, la ville de Navarrenx, dont elle est maire, en est "la capitale mondiale" et en a fait son emblème. "L'arrêt des pêches aux filets serait une très bonne nouvelle. C'est important !" reconnaît-elle. Mais elle tempère son enthousiasme, constatant "la baisse mondiale de la ressource saumon qui est la conséquence des problèmes de qualité des eaux, et de l'impact du réchauffement climatique". Et d'ajouter : "On paie sûrement 50 ans de développement. A nous de travailler pour sauver ce qui peut l'être en pensant aux générations futures !"
Les relations de confiance avec la Fédé 64
Cette assemblée générale s'est déroulée dans un climat de sérénité et s'est terminée par de nombreux échanges constructifs avec le public. Les rapports présentés avaient été écourtés autant que possible pour laisser un maximum de temps au débat.
Autre constat, les bonnes relations et l'étroite coopération avec la Fédération départementale de pêche qui était représentée à la tribune par son président François Chenel et son secrétaire Nicolas Curutchague qui sont longuement intervenus.
On retiendra de cette AG qu'en 2025 un effort consenti en faveur des alevinages et du déversement de truites adultes pour un montant de 17 000€ (contre 12 000€ en 2024). Un plan alevinage est entrepris pour essayer de retrouver de la truite fario sauvage sur la partie basse du gave. Le travail d'initiation est entrepris afin de donner aux jeunes le goût de la pêche de loisir. La recherche de moyens pour le contrôle de la qualité de l'eau est en cours. Sont effectués un suivi des frayères, des inventaires piscicoles et des aménagements et restaurations des ruisseaux pépinières. Le fonctionnement des micro-centrales et la surveillance de toute pollution sont des soucis permanents et débouchent sur des actions juridiques, des alertes. Un projet de meilleure efficacité du gardiennage est étudié avec la Fédé 64. Le problème à grande échelle du trafic des civelles (alevins d'anguilles) est dénoncé haut et fort.
Des efforts de communication
Par ailleurs, la communication est un point essentiel qui va être amélioré , notamment sur le web. Xabi Edon et Jean-Patrick Lavie-Cambot vont suivre un stage informatique pour prendre efficacement en charge et animer le site internet et la page facebook de l'AAPPMA du gave d'Oloron. Après chaque Conseil d'Administration (il y en a eu 8 en 2024) il sera rendu compte des décisions qui ont été prises. Ce souci de fournir des informations régulières sur les diverses activités et décisions a pour but de resserrer les liens avec l'ensemble des pêcheurs et tous ceux qui s'intéressent à la défense de la biodiversité du gave.
Donc, soyez attentifs. Allez régulièrement surfer sur le site https://aappma-gave-oloron.com, et sur la page facebook.
Nous donnerons le mot de la fin à Me Jean-Michel Saint-Macary, qui habite le beau manoir d'Auterrive surplombant le gave, et qui prend chaque année le permis par solidarité (il ne pêche pratiquement pas) : "Remarquable réunion. J'ai appris beaucoup de chose". Il assistait pour la première fois à l'AG de l'AAPPMA a pu mesurer l'énorme travail effectué par une équipe de bénévoles très impliqués.
Jean Sarsiat
Pour mieux appréhender le dossier saumon lire également le compte-rendu de l'AG de Salmo-Tierra qui s'est tenue une semaine auparavant à Navarrenx : https://www.paysdesgaves.com/2025/03/salmo-tierra.html . On y lira notamment les nombreuses actions juridiques menées par l'AAPPMA en association avec Salmo Tierra, la SEPANSO 64, et, pour certains dossiers la DMA ou l'ACCOB. Ces recours devant la justice "sont les seuls moyens de nous faire entendre et ils ont été tous gagnés" déclara Antoine Domenech, vice-président de l'AAPPMA et président de Salmo Tierra.
Didier ZAGO, entouré de Martine DURTELLE de SAINT SAUVEUR, comptable de la Fidudial Expertise, et de Nadine BARTHE et Denise SAINT-PE
De gauche à droite, Bernard BLANCANT, secrétaire de l'AAPPMA, Pierre BERGES, président, Jacques GJINI, trésorier
Nicolas CURUTCHAGUE, secrétaire de la Fédération 64 (et président de l'AAPPMA de Haute-Soule), et Antoine DOMENECH, vice-président de l'AAPPMA en charge des affaires juridiques (et président de Salmo Tierra-Salva Tierra)
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INFO
Le COGECOMI QUES ACO ?
Le COGEPOMI on en a beaucoup parlé lors de cette AG de l'AAPPPMA et lors de l'AG de Salmo Tierra/Salva Tierra le semaine précédente.
Il s'agit du Comité de Gestion des Poissons Migrateurs. Il est présidé par le préfet de région Nouvelle-Aquitaine.
Les représentants de la pêche de loisir (pêche à la ligne) ne représentent que 2 voix délibératives sur les 19.
Nous reproduisons, ci-dessous, l'information en deux tableaux que Guillaume Barranco , en 2015, avait présenté aux pêcheurs de saumon lors de la réunion d'information d'avant-saison. Il était, à l'époque, directeur de la Fédération départementale de pêche.
Les espèces poissons migratrices présentes dans la la zone de compétence : grande alose - alose feinte - lamproie marine - lamproie de rivière - anguille - saumon atlantique - truite de mer.