22 septembre 2009
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Derrière la gare d'Orthez, c'est la désolation. Sur les deux rives du gave, reliées par une passerelle type Eiffel, des hectares de terrain sont à l'abandon et de nombreux batiments industriels en piteux état.
Jouxtant le site de la gare les anciens bâtiments de la CTA (Chaudronnerie et Tuyauterie d'Aquitaine), entreprise dont l'activité était liée au complexe de Lacq, qui occupa jusqu'à 200 salariés, et l'ancienne usine de caoutchouc industriel (qui avait une vingtaine de salariés), ont, dans les années 80, fermé leurs portes. La CTA avait été reprise par la CITBA qui quitta Orthez pour Arthez-de-Béarn.
Plus récemment, c'est la minoterie Destandau, la papeterie SAPSO, les ateliers de confection Moncade et Jerdac qui ont cessé leurs activités laissant complètement à l'abandon un important patrimoine de bâtiments industriels.
Nous avons retrouvé dans nos archives un reportage de la CCI, datant du début des années 80, qui faisait le point, dans une brochure intitulée "Orthez-Bassin de Lacq", sur l'activité économique d'Orthez-Salies .
Sous le reportage photo ci-dessous, nous avons reproduit cet article qui apporte un éclairage sur un passé pas si lointain, et qui témoigne de la vocation industrielle d'Orthez, au centre du département des Pyrénées-Atlantiques, au coeur du bassin Lacq-Orthez en pleine mutation.
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Derrière la gare : les anciens bâtiments de chaudronnerie industrielle liée au complexe de Lacq, et l'ancienne usine de caoutchouc
LA MINOTERIE DESTANDAU ET SES ANNEXES SONT A L'ABANDON
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Le site de la SAPSO avec ses bâtiments en enfilade, le long du gave, relié à la zone industrielle de la gare par une passerelle, tombe en ruine...
En bordure du chemin du Pesqué, les logements de fonction de l'ancienne SAPSO : la désolation !
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Dans le prolongement de la SAPSO, les ateliers JERDAC et MONCADE attaqués par les herbes folles, les ronces... et les vandales !
Les Ateliers de Moncade à l'entrée de la zone industrielle des Saligues sont ouverts aux quatre vents.
Une réserve foncière de quelque 15 à 20 hectares autour de la gare, de part et d'autre du gave de Pau, des friches industrielles reliées par la passerelle de l'ancienne SAPSO.
En bas à gauche, dans le prolongement des hangars de la SAPSO il y a les sites de Jerdac et Ateliers de Moncade qui n'apparaissent pas sur la photo
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L'activité industrielle d'Orthez-Salies, au début des années 80, présentée à l'époque par la CCI
Nous reproduisons, ci-dessous, un article émanant de la CCI (Chambre de Commerce et d'Industrie), retrouvé dans nos archives, et faisant le point sur l'activité industrielle dans les cantons d'Orthez et de Salies-de-Béarn. C'était en 1980
"Les cantons d'Orthez et de Salies-de-Béarn ont toujours figuré parmi les foyers industriels du Béarn. Ils n'ont cependant pas échappé à une importante mutation qui a vu disparaître bon nombre d'entreprises appartenant aux secteurs traditionnels du bois, du textile et de la chaussure et qui, dans le même temps, a vu apparaître des activités nouvelles, essentiellement dans les domaines mécaniques et connexes.
Le meuble
Contrairement à ce qui s'est passé pour la chaussures, le meuble a maintenu une très importante activité. Orthez est toujours considéré comme le centre du meuble rustique régional de qualité, avec deux chefs de file que sont les Ets Ros et Circoncision (130 personnes à eux deux).
Une entreprise, en plein développement, s'est déplacée d'Orthez à la commune voisine de Castétis : la société Bareille qui approche les 50 salariés et produit des meubles massifs de style campagnard.
A Salies les Ets Lansalot dont ler siège social est à Navarrenx, possèdent une usine occupant 80 personnes. (Entre Navarrenx, Oloron et Salies Lansalot emploie près de 600 salariés).
Le siège
De création plus récente que les entreprises d'ébénisterie, le Bois Béarnais s'est rapidement forgé une excellente image de marque dans la fabrication de chaises. Son effectif a même approché les 300 personnes. Des difficultés ont surgi à partir de 1974 et l'avenir de cette société s'est trouvé gravement compromis. Elle a finalement été reprise par le groupe Pelletey et occupe actuellement 150 personnes, ce qui la maintient en tête des industries de l'ameublement dans les deux cantons.
La literie
Occupant actuellement une cinquantaine de personnes, la société Treca (sommiers et matelas) venue s'installer à Salies en 1977 a permis de compenser une partie des nombreux emplois perdus dans la chaussure.
L'exploitation forestière
Une entreprise est installée à Bérenx : la société orthézienne d'exploitation forestière.
L'industrie textile
Le secteur traditionnel du tissage est essentiellement représenté à Orthez par les Ets Moutet spécialistes du linge de maison. Avec un effectif de 160 personnes, ils sont, de loin, la première entreprise du département dans ce secteur et l'une des premières de France.
A cette branche traditionnelle est venu s'ajouter celle de la confection avec la création de trois établissements qui ensemble occupent déjà plus de 100 personnes : Moreau, Ateliers de Moncade et Jerdac-Demazières.
La chaussure
C'est le secteur qui a subi la plus profonde mutation.
A Salies : Les 5 principales entreprises s'étaient regroupées pour créer la société CHASAL dont l'effectif avait atteint 500 personnes. Ce nouveau groupe a ensuite connu des difficultés et a été repris par la société des chaussures André. Cette dernière a, peu à peu, diminué ses activités pour finalement abandonner Salies en 1976.
L'activité chaussures est toutefois maintenue par la société "Les chaussures Basco-Béarnaises", filiale d'une société d'Hasparren, installée en 1977 et occupant 150 personnes et par la société DALTY qui en compte 20.
A Orthez: La crise de la chaussure a égalemen sévi à Orthez avec la disparition de deux importantes usines : Cazenave et Béarn-Chaussures.
La société Girard a pu se maintenir avec un effectif de 80 personnes travaillant exclusivement en sous-traitance pour le groupe RAUFAST. Ce dernier, l'un des leaders de la chaussure en France, a permis la création à Puyoo, en 1974, de la SPAC (Société Puyolaise d'Articles Chaussants) dont l'effectif dépasse les 100 personnes.
L'industrie agro-alimentaire
Les salaisons: Les charcutiers d'Orthez se sont spécialisés dans le marché du jambon de Bayonne. Les plus connus sont les Ets Camy et Dugert.
La société Camy a été reprise voici 3 ans par un important salaisonnier de la région lyonnaise, les Ets Chevallier qui ont créé sur la zone industrielle d'Orthez une unité très moderne et fonctionnelle de production de jambon de Bayonne.
Charcuterie-conserves: Les Ets Jean Récapet ont repris dans le canton voisin de Sauveterre-de-Béarn, la conserverie Muthular : 280 salariés (moyenne d'âge 35 ans).
Meunerie-boulangerie: La minoterie Destandau occupe à Orthez une trentaine de personnes. Les boulangers d'Orthez se sont regroupés pour créer, en 1972, une unité de fabrication commune, à la zone industrielle : "l'Epi Béarnais".
Boissons: La brasserie Schneider à Puyoo maintient une activité locale dans le domaine de la bière et des sodas.
La coopérative de Salies/Bellocq draine la majeure partie de la production viticole des coteaux de Salies et de Bellocq.
Alimentation de bétail, grains et céréales: A Baigts-de-Béarn, les Ets Guyomarc'h occupent une quarantaine de personnes. Cette unité de production d'aliments pour le bétail avait été créée par la minoterie Destandau.
A Bonnut les Ets Labaigt exercent leur activité de collecte de grains.
Mécanique, électricité et électronique: L'essor industriel de Lacq a amené à Orthez la création de la CTA (Chaudronnerie Tuyauterie d'Aquitaine) et d'une agence du groupe COMSIP-Automation.
Actuellement la COMSIP emploie 200 salariés et la CTA disparue a été reprise par la CITBA (Chaudronnerie Industrielle du Bassin de l'Adour) qui a maintenu 120 emplois.
Parmi les sociétés de moindre importance citons : la DAR à Orthez (10 personnes), Pyrelem à Puyoo (30 personnes). Ces deux entreprises sont spécialisées dans la production d'appareils de pyrométrie et de séchage de l'air.
MECASUD, entreprise de sous-traitance mécanique implantée à Orthez emploie 20 personnes.
START informatique, récemment implantée à Salies, emploie déjà 35 salariés dont 6 ingénieurs, et devrait connaître un développement intéressant dans le domaine de l'électronique appliquée.
La CREB, installée rue Saint-Pierre à Orthez a deux activités : fabrication de clôtures électriques (15 personnes) et électricité générale (20 personnes).
Papeterie: la SAPSO emploie à Orthez 90 salariés et possède d'autres établissements, notamment à Beaulac et à Casteljaloux. Ses activités principales sont la fabrication de papier, d'emballages en carton ondulé et d'emballages en polystyrène expansé.
Artisanat d'art: Les Ets Goardères (90 salariés) sont spécialisés sont spécialisés dans le travail du fer forgé, du cuivre et de l'étain.
Les Ets Géraud-Lafitte (40 salariés) sont spécialisés dans la tonnellerie d'art.
Ces deux unités implantées à Orthez ont une activité non négligeable à l'exportation.
Matériaux de construction et carrières: Il convient de citer : la société des Chaux et Ciments d'Orthez ; Béton Moderne à Orthez ; les Ets Barrué et Béton Orthez Service .
Les platrières de France, à Carresse-Cassaber emploient 42 salariés.
Transports: Parmi les diverses entreprises, il faut signaler les transports Lucien Destandau qui sont spécialisés dans le transport des meubles neufs.
Caoutchouc-chimie: A Orthez , la société Techni-Plastgom-Production (fabrication de caoutchouc industriel) occupe une vingtaine de salariés.
En 1980 Orthez verra le démarrage de la société Galor (produits de base pour l'industrie des cosmétiques) dont l'effectif approche la centaine de personnes.
Bâtiments préfabriqués: A Orthez les Ets Etcheverry (10 salariés) montent des bâtiments préfabriqués et équipés intérieurement, destinés à l'élevage, notamment aux porcheries.
Conclusion : A ce jour il semblerait que Salies ne soit pas encore complètement remis de la quasi disparition de ses fabriques de chaussures, mais Treca et Start-Informatique apportent une heureuse diversification à une mono-activité industrielle.
L'activité plus diversifiée d'Orthez laisse augurer d'un bon avenir économique et devrait mettre la région à l'abri d'une grave crise de l'emploi. "
C'était au début des années 80. La plupart de ces industries qui tentaient de résister ont disparu.
Comme le souligne aujourd'hui la CCI, à juste titre, et avec force de conviction, l'arrivée de la future LGV en Béarn sera génératrice d'activités nouvelles, donc de créations d'emplois. Effectivement, en surfant sur le web, on s'aperçoit que la proximité d'une gare LGV favorise incontestablement le développement économique.
L'arrivée de la LGV en Béarn, à Orthez et à Pau, est donc un rendez-vous à ne pas manquer. C'est l'avenir de nos enfants et petits enfants qui est en jeu.
Ceux qui veulent effacer Orthez de la carte LGV, pour gagner seulement 10 minutes sur un trajet Pau-Paris, prennent un lourde, très lourde responsabilité.