http://www.sudouest.fr/2013/11/11/le-defi-du-monde-rural-1225406-4635.php
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Pour souffler ses 20 bougies, IFOCAP, l'institut de formation des cadres ruraux et des acteurs des pays de l'Adour, a organisé un colloque, sur le thème de l'avenir des territoires ruraux, à la salle communale de Gouze.
Voici les conclusions de cette journée, présentées par l'abbé Jean Casanave, secrétaire d' IFOCAP, responsable diocésain de la formation permanente :
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"Vingt ans ! Cela permet d’avoir entendu beaucoup d’analyses aussi brillantes que pertinentes, d’avoir vibré à de nombreuses utopies, d’avoir participé à quelques réalisations modestes, d’avoir gardé l’esprit en éveil pour repérer les insoupçonnables capacités de l’homme à s’adapter à son territoire et à agir sur lui. Impossible de remercier tous ceux et celles qui ont contribué aux activités de notre association et à commencer par vous-mêmes qui lui témoignez, aujourd’hui, par votre présence, votre précieux soutien. Votre fidélité s’est peu à peu transformée en amitié partagée et c’est là, le fruit le plus savoureux de l’arbre planté il y a 20 ans qui n’a cessé d’étendre ses ramifications dans le département (64) et ailleurs encore.
"Après avoir lu et parfois côtoyé quelques grands auteurs et acteurs de notre société rurale (Les Duby, les Baudrel, les Mendras, les Hervieu, les Kaiser, aujourd’hui Mr. Purseigle et Mr Lamassoure, en passant par les Debatisse, les Buchou, les Lacombe, les Rabhi, les Mirande et bien d’autres) je me suis demandé si l’une des composantes essentielles de notre rapport à la terre en général et au rural en particulier, n’était pas cette part de rêve qu’ils suscitent en chaque génération. Un rêve qui prend la forme d’un jardin.
"Or, en relisant un vieux récit d’aménagement du territoire dans un livre que je consulte souvent, la Bible, j’y ai rencontré un pays que l’on appelle l’Eden ou le paradis. Ce terme dérivé du persan désigne un jardin clôturé, limité.
"Nous cherchons tous un territoire qui serait notre paradis et le réflexe le plus élémentaire consiste à le protéger des prédateurs et autres nuisibles. C’est le premier avantage de l’indispensable clôture. Mais n’y a-t-il pas une limite à la clôture ? Qu’est ce qu’un paradis qui m’enfermerait ? Un jardin botanique transformé en prison.
"Mais il y a deux autres limites, celle que je m’impose, pour ne pas épuiser les ressources du jardin afin qu’il soit durable. « Vous mangerez de tous les arbres sauf un… » et celle que l’autre m’impose pour ne pas empiéter sur son jardin qui ne ressemble pas tout à fait au mien . « Cet arbre interdit, c’est ma part de l’Eden » suggère le Créateur.
"Ainsi, nous poursuivons sans cesse le rêve d’aménager un jardin qui ne peut être qu’un entrelacs de limites, de bordures et de clôtures ; mais, définies, respectées et acceptées d’un commun accord, elles deviennent la condition même du paradis . Cette question du respect ou du franchissement des limites qu’on les appelle naturelles ou culturelles sera la grande affaire des générations futures et cela dans tous les domaines".
Que serait une France paradisiaque coupée de ses voisins ?
"Une garnison exclusivement occupée à défendre un territoire dont elle ne profiterait pas. Mais que serait-elle sans ses régions définies et caractérisées ? Un monotone soliloque parisien".
Que serait un rural préservé de l’urbain, retranché derrière ses haies ?
"Un parc national supplémentaire dédié à la conservation d’une espèce rustique. Mais que serait un rural sans son espace et son temps particuliers ? Une ville repeinte en vert".
Que serait un consommateur totalement asservi à la publicité boulimique?
"Un esclave gavé du marché. Mais que serait un consommateur uniquement centré sur l’offre concurrente la moins couteuse? Un destructeur de territoire".
Que serait un agriculteur ou une agricultrice refusant tout contact avec le consommateur ?
"Le seigneur d’un domaine inutile. Mais que serait-il, s’il n’était pas responsable de sa production ? Un damné de la terre ou de la dette. Il ne serait plus en tout cas le pourvoyeur du sens et du pain quotidiens de l’humanité".
L’avenir des espaces ruraux ? "C’est le paradis mais avec toutes ses limites consenties et tous les autres acteurs réunis."
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Marie-Laure Candau, animatrice
Président : Marcel Mirande ; secrétaire : Jean Casanave
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