Robert Cazala fut le capitaine de route de l'équipe de France de Jacques Anquetil et le lieutenant de Raymond Poulidor
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L'ancien champion cycliste Robert Cazala, décédé à l'âge de 89 ans, a eu les honneurs d'une belle cérémonie en présence d'un foule nombreuse venue l'accompagner dans sa dernière demeure, au cimetière protestant de Castétarbe qui domine la ville d'Orthez, face à la chaine des Pyrénées. Pour le sprinter, spécialiste des arrivée groupées, ce fut l'échappée vers un ailleurs, dans le dernier col de sa vie. Il est parti rejoindre le Diable rouge de Sauguis (Marcel Quéheille), Poupou (Raymond Poulidor), Maître Jacques (Anquetil), et le taureau de Nay (Raymond Mastrotto).
"C'est un peu de nous-même qui s'en va" : l'ami de toujours, André Darrigade, champion du monde en 1959 et vainqueur de 22 étapes du tour de France, qui va fêter ses 94 ans en avril, était présent au premier rang de quelques anciens de l'époque. La génération suivante, de champions et personnalités du cyclisme, était également là, nombreuse, pour rendre hommage à son aîné. Notamment le basque de Larressore, Francis Lafargue, qui est entré dans l'histoire du cyclisme pour son efficace présence, chez Banesto, auprès du quintuple vainqueur du Tour, Miguel Indurain, dont il était le manager, l'interprète et le confident et qu'il accompagna durant toute sa carrière. Il nous a confié que c'est Cazala qui a déclenché sa vocation : "Je me suis intéressé au sport cycliste grâce à Robert et son maillot violine de chez Mercier qu'il portait avec panache. C'est un coureur qui m'a fait rêver ! Ce fut la première piqûre, le virus du vélo je l'ai ensuite gardé pour la vie" .
Dans le peloton de la famille du cyclisme qui entourait de son affection et de son respect toute la famille du défunt, nous avons noté la présence d'anciens coureurs qui ont brillé dans le rangs professionnels ou amateurs : André Darrigade, Gilbert Duclos-Lassalle, Gérard Capdeboscq, Hubert Arbes, André Romero, Manuel Manzano, Mario Sandona, Jean Bécaas, Roland Lalanne, Jo Pétré, Michel Bordères, Alain Lauroua, Guillaume Carricart, etc. Il y avait aussi Colette, la veuve de Raymond Mastrotto et son fils. Sans oublier le double champion de France de cyclo-cross (et 6 fois deuxième), l'Orthézien Pierre Bernet, ami très proche de Robert Cazala en compagnie duquel il effectua des entraînements musclés notamment sur la boucle Mauléon, col d'Osquich, Saint Palais, et retour à Orthez.
Un modèle pour les jeunes générations
Ses anciens équipiers, et ses successeurs sur les routes de France et d'ailleurs, s'accordaient à dire "que Robert Cazala était un exemple d'humilité, de gentillesse et de discrétion malgré ses succès et sa notoriété". C'est, précisément, cette simplicité et cette grande humanité qui le rendaient encore plus grand et attachant aux yeux du public.
Dans son homélie, la pasteure Marie-Françoise Vialard, de l'Eglise protestante d'Orthez, rappela que "Robert Cazala était resté simple et très modeste, pas question qu'il se vante de ses succès..."
Les petits-enfants, au nom de la famille, abondèrent dans le même sens et eurent des mots pleins de tendresse pour leur "Papy Bob" : "Il n'était pas la vedette toujours en tête. C'était un grand père attentionné et aimant, qui avait beaucoup d'humour et de gentillesse".
Le Dr Maurice Labat rappela les moments de complicité avec son compagnon Robert, lors des balades pédestres sur les coteaux de Castétis, les collines de Loubieng, les hauteurs de Castétarbe et de Bonnut. Egalement l'étape (en voiture) du col d'Ahusky et son réputé restaurant où son ami régnait en maître. Il évoqua aussi le souvenir du parcours Orthez-Saint Jacques de Compostelle que Robert Cazala effectua à vélo , l'année de ses 70 ans, en compagnie de Philippe Labat. Maurice Labat et son épouse assuraient l'intendance au volant de leur voiture...
L'ancien maire d'Orthez, René Ricarrère, très lié à la famille Cazala insista sur le modèle que représente Robert pour les jeunes générations : "Tu es entré dans la légende des Géants du Tour par ta volonté, ton talent, ton travail, ton envie de te dépasser, de te surpasser ! Quel exemple tu donnes à la jeunesse et à nous tous !... Ne jamais abandonner, ne jamais renoncer ! Tu nous a fait vibrer, craindre, applaudir, pleurer de joie. Tu nous as rendus fiers !"
Il préférait l'ombre à la lumière
Après une carrière professionnelle durant laquelle il resta fidèle à l'équipe Mercier, cette marque de vélo, consciente de la renommée du champion orthézien, lui confia en 1968 un poste de commercial pour couvrir la région. Robert Cazala reprit ensuite le magasin de cycles Sarrailh, que son beau-père lui céda rue de l'Horloge. Cette boutique de vente-exposition et réparations, il l'a transmit, quelques années plus tard, à Alain Lauroua, qui était un brillant coureur cycliste dans les rangs amateurs.
Après la parenthèse que fut la reprise d'un magasin de jouets rue piétonne, le fils de paysan resté très proche de la nature et n'oubliant pas ses racines, retourna au métier de la terre. Il créa sur Orthez, avec son fils Philippe, une activité d'entretien de parcs et jardins où il trouva son bonheur, pendant 15 ans, jusqu'à la retraite.
Une vie bien remplie. Beaucoup de discrétion. Mais toujours une grande disponible pour donner des conseils, partager son expérience, rendre service. Préférant l'ombre aux projecteurs, il ne se mit jamais en avant. Et il fut étonné, presque gêné, lorsqu'en 2018, la ville d'Orthez donna son nom à une rue dans le quartier des Soarns.
Des sprints d'anthologie
"C'était un bon grimpeur et il était redoutable au sprint. Il avait une grande intelligence de la course. Très élégant sur son vélo, il avait du charme, ce qui lui valut un joli succès sur le bord des routes". En écoutant les anciens on prend conscience du grand champion que fut Robert Cazala, qui participa à 8 tours de France et à 2 vueltas d'Espagne.
Ses 4 victoires d'étapes dans le Tour l'ont fait entrer dans la légende du cyclisme. En 1959, il prit le maillot jaune à Roubaix grâce aux secondes de bonification de la victoire d'étape, acquise lors d'un sprint historique au cours duquel il devança Annaert ... de 10 petits centimètres ! Il fut déclaré vainqueur au terme d'un interminable suspense insoutenable. Il fallut avoir recours à la consultation du film de l'arrivée pour que les juges se prononcent ! L'Orthézien garda le maillot pendant 6 étapes jusqu'à Bayonne.
En 1962, il remporta deux étapes. Celle de Saint Malo-Brest. Puis celle de Pau-Saint Gaudens, après les ascensions des cols du Tourmalet, Aspin et Peyresourde. Une victoire magnifique remportée au sprint sous les applaudissements d'une foule immense. Le journal La Dépêche du Midi, dans son édition web de samedi, a rappelé cet exploit en illustrant l'article d'une grande photo de l'arrivée triomphale sur le circuit de Saint Gaudens où Cazala dominait Carlési, Gilbert Desmet et Anquetil (voir à la fin de ce reportage dans "l'armoire aux souvenirs")
Enfin, en 1961, ce fut la célèbre victoire lors de la dernière étape, au Parc des Princes. au terme d'un "sprint monumental" emmené par Jacques Anquetil en personne. Cette année là Robert Cazala avait fait un travail phénoménal pour aider le Normand à remporter son premier Tour de France. Anquetil, afin de le remercier, se mit à son service. Il déboula en tête dans le vélodrome du parc, à fond la caisse. Il lança le sprint en plaçant un démarrage fulgurant, Cazala dans sa roue. C'était la voie royale pour le Béarnais qui franchit la ligne d'arrivée en grand vainqueur. Un exploit qui reste gravé dans les mémoires.
Jean Sarsiat
Un prise de parole pleine de tendresse prononcée par les petits-enfants à la mémoire de "Papy Bob" (photo ci-dessus)
Mme Marie-Françoise Vialard, pasteure de l'Eglise Protestante d'Orthez, durant son homélie (photo ci-dessous)
La prise de parole du Dr Maurice Labat (photo ci-dessus) et de René Ricarrère, maire honoraire d'Orthez (photo ci-dessous) qui ont rendu un amical et émouvant hommage
La famille dans la peine durant le chant d'adieux
Francis Lafargue, Gérard Capdeboscq et André Darrigade (de gauche à droite) se sont longuement entretenus, après les obsèques, avec Isabelle (la fille de Robert) et son mari Pierre Mialocq (photo ci-dessus). Ils sont allés, ensuite, saluer Philippe (le fils de Robert).
L'orthézien Pierre Bernet, double champion de France de cyclo-cross, ami de Robert Cazala, saluant André Darrigade, ancien champion du mode et vainqueur de 22 étapes du Tour de France entre 1953 et 1966 (photo ci-dessous)
En 1959, les Francas du centre aéré de Castétarbe avaient composé cette chanson pour saluer et encourager Robert Cazala à l'occasion du passage du tour de France à Orthez. Elle a été interprétée devant le cercueil tout comme elle l'avait été le jour de l'inauguration de la rue Robert Cazala
L'armoire aux souvenirs
L'hommage de Féfé Julien, le 27 juin 2009, pour marquer les 50 ans de la prise du maillot jaune de Robert Cazala : https://www.paysdesgaves.com/article-33145102.html
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ARCHIVES /
Dans Sud-Ouest du 20-07-2019, le reportage de Sylvain Cottin sur Robert Cazala qui était invité à la cérémonie organisée, à Pau, pour les 100 ans du maillot jaune à laquelle participaient 24 anciens porteurs :
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Orthez
Isabelle et Pierre MIALOCQ,
Philippe et Bernadette CAZALA,
François (†) CAZALA,
ses enfants et leurs conjoints ;
ses petits-enfants et arrière-petits-enfants ;
Mme Nissou DARRIGRAND, sa sœur et sa famille ;
M. Pierre (†) CAZALA, son frère et sa famille ;
parents, alliés et amis
ont la tristesse de vous faire part du décès de
Robert CAZALA
à l’âge de 89 ans.
Ses obsèques seront célébrées
le mardi 21 février 2023, à 14 heures
au cimetière protestant de Castétarbe à Orthez.
Les visites se font au funérarium d’Orthez.
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Le journal L'Equipe s'est fait l'écho du décès de Robert Cazala (photo ci-dessus) :