Sous l'impulsion de l'AAPPMA du gave d'Oloron, le 25 août 2020, après 5 années de combats un événement historique est intervenu. Les 17 marins pêcheurs professionnels acceptaient d'arrêter définitivement la pêche au filet dérivant dans l'Adour contre une indemnisation de 4 millions d'euros. Mais parvenir à réunir une somme aussi importante n'est pas une mince affaire.
Samedi 27 mars, à Carresse-Cassaber, lors de l'assemblée générale de l'AAPPMA du gave d'Oloron, la sénatrice Denise Saint-Pé qui défend énergiquement ce dossier apporta une note d'espoir qui a ravi l'assistance. Elle annonça que le président de la Région, Alain Rousset, qu'elle a rencontré 15 jours auparavant à Bayonne, lui a confié "qu'il est prêt à mettre 2 millions d'Euros sur la table". Elle ajouta que le pays de Béarn et ses intercommunalités se sont également positionnés favorablement, il reste à définir les montants ; que Jean-Jacques Lasserre et Jacques Pédehontaa travaillent sur ce dossier au conseil départemental; que des entreprises privées seraient également prêtes à s'engager.
"Sans faire preuve d'un optimisme béat, je pense que nous allons y arriver" devait conclure Denise Saint-Pé sous les applaudissements. La collecte des 4 millions d'Euros est menée par Jean Labour, président de la CC du Béarn des gaves. Dans un message écrit il informa ses "amis pêcheurs", que dans un souci de meilleure efficacité, et pour surmonter certaines contraintes administratives qui ont retardé les démarches, "il va désormais travailler avec l'Institution Adour qui présente l'avantage d'avoir la Région et le Département dans ses instances". La finalité est de mener à bien, a-t-il rappelé, "deux actions parallèles mais incontournables : 1. Réunir les fonds ; 2. Parvenir à l'arrêt officiel de la pêche au filet décrété par l'État (préfet de Région), arrêt qui déclenchera l'indemnisation des pêcheurs pour perte officielle de revenus".
Cela fait plus de 40 ans que pêcheurs, élus et professionnels du tourisme, demandent avec insistance aux services de l'État de faire sauter ce verrou dans l'estuaire de l'Adour "qui prive les vallées des gaves d'un développement touristique auquel elles sont en droit de prétendre".
"Le chemin va être encore un peu long mais ma détermination pour aboutir est intacte" assure Jean Labour.
C'est un pas de plus vers la fin définitive de la pêche professionnelle dans l'Adour, qui s'est manifesté lors de l'assemblée générale, la dernière de la présidence de Jacques Gjini qui passera le relais à l'automne prochain après 24 années à la tête de cette AAPPMA. Il n'a pu être présent à cette assemblée générale, étant un "cas contact Covid" et c'est le vice-président Patrick Laurent qui présida cette assemblée qui fut de très bonne tenue et qui permit à divers intervenants d'exprimer leurs points de vues.
Du côté de l'AAPPMA, l'espoir est conforté mais une grande vigilance reste malgré tout de mise comme indiqué dans le rapport moral du président Gjini : "Tout ce travail représente beaucoup d'énergie et a nécessité des efforts constants. Rien n'est encore terminé dans cette bataille. C'est le moment où il nous faut faire preuve encore de plus d'opiniâtreté car nous savons qu'un relâchement de notre part laisserait le champ libre à ceux qui ont intérêt à ce que rien ne bouge".
Le vice-président Patrick Laurent a prévenu : "Nous restons mobilisés, nous ne lâcherons rien !"
2015
Création d'un dossier économique, politique et juridique : "Demande d'arrêt de la pêche aux filets dérivants sur l'Adour", à l'intention des élus et des professionnels du tourisme.
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2016
Ce dossier est présenté tout au long de l'année à tous les élus et responsables associatifs du secteur. Egalement à toutes les mairies qui se positionnent favorablement en manifestant leur soutien.
Plusieurs associations se joignent également à la démarche.
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2017
Première rencontre, le jeudi 30 mars, avec Alain Rousset, président de la Région Aquitaine.
Quelques semaines avant cette rencontre, montage d'un dossier juridique.
Après un travail préparatoire avec Me Stéphanie Moutet, avocate, une plainte est déposée auprès du parquet de Pau, le 27 octobre, pour "pêche illégale par les professionnels estuariens dans la limite administrative du port de Bayonne".
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2018
Après cette plainte du 27 octobre 2017, en l'absence de réponse du parquet, il est décidé d'intenter une citation directe contre ces marins pêcheurs qui exercent dans le port de Bayonne. Il a été fait appel à un huissier (les 23 et 29 mars) pour qu'il y ait, devant le tribunal, confirmation légale de l'infraction de 6 marins pêcheurs. ANPER TOS était partenaire de l'AAPPMA dans cette action.
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2019
La grande manif de Bayonne : Au mois d'avril, sur proposition de l'AAPPMA du gave d'Oloron, toutes les AAPPMA du bassin, les Fédérations, les associations Salmo Tierra, ADRM, ANPER-TOS, SEPANSO etc. se sont associées pour organiser une manifestation qui s'est déroulée le 30 mai 2019, le long du port de Bayonne, côté Anglet. Ce fut un événement inédit. Plus de 500 personnes défilèrent, avec pancartes, tracts et prises de parole, pour dénoncer la pêche aux filets dans le port de Bayonne.
Après plusieurs reports, l'audience concernant les 6 marins pêcheurs pris en flagrant délit dans le port est fixée au 14 novembre devant le tribunal correctionnel de Bayonne. Le jugement favorable a été rendu le 16 janvier 2020 (voir ci dessous).
Le 3 décembre l'AAPPMA qui rencontre le préfet des P.A. (sur sa demande) avec la Fédération 64, réaffirme sa volonté absolue d'interdire la pêche aux filets dans le port de Bayonne, avec de solides arguments à l'appui.
Le 13 décembre, l'AAPPMA rencontre Alain Rousset, président de la Région qui confirme sa volonté de ne pas signer une autorisation de pêche dans le port de Bayonne.
Toujours dans cette année 2019, parallèlement aux actions de l'AAPPMA, Salmo Tierra et la SEPANSO ont engagé de leur côté, deux actions juridiques, une devant le tribunal administratif de Pau contre les préfets des Landes et des Pyrénées-Atlantiques, et l'autre devant le tribunal administratif de Bordeaux contre la préfète de Région., "pour non application de la loi qui interdit la pêche dans le port des Bayonne, en l'absence d'autorisation". Les deux tribunaux administratifs ont répondu favorablement aux requêtes déposées, signifiant que la pêche aux filets dérivants est bien interdite dans l'estuaire de l'Adour, et ont donné 6 mois aux préfets pour se mettre en conformité avec la loi.
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2020/2021
Suite à la plainte de 2018 (citation directe) déposée par l'AAPPMA avec ANPER TOS, le jugement est tombé le 16 janvier 2020. Le tribunal correctionnel de Bayonne a condamné les 6 professionnels pour pêche maritime en zone non autorisée.
Les 6 marins pêcheurs feront appel (l'audience est prévue le 17 juin 2021 devant le tribunal de Pau), mais pour la première fois, aucun bateau ne sera en pêche dans le port de Bayonne cette année 2020 jusqu'au 31 juillet. Un fait historique !
Le 27 juillet, suite à une modification du règlement par l'organisme responsable du port, le préfet des Pyrénées-Atlantiques avec l'accord de Monsieur Alain Rousset, président de la Région Nouvelle Aquitaine (ce qui a le plus étonné !), publie un arrêté préfectoral autorisant la pêche professionnelle dans le port de Bayonne. En concertation avec Salmo Tierra et la SEPANSO, l'AAPPMA a décidé d'attaquer cet arrêté au tribunal administratif de Pau, et pour accélérer la procédure de cette action juridique, un référé a été déposé, début 2021, par maître Ruffié
En janvier 2021, L'AAPPMA se joint à la proposition de l'association DMA (Défense Milieux Aquatiques) -qui est l'ancienne ADRM- pour engager, avec 14 autres associations, une action contre les arrêtés préfectoraux des Landes et des Pyrénées-Atlantiques, pour exiger la fin de la pêche professionnelle fluviale dans les eaux de l'Adour fluvial. Cette action collective est appuyée par un référé que Me Crécent a été chargé de déposer.
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Un accord de principe avec les 17 marins pêcheurs pour mettre fin aux filets dérivants, mais la mobilisation continue et même s'accentue
"C'est une avancée historique" a redit Pierre Bergès qui, depuis 5 ans, est en première ligne au sein de la commission créée autour de l'AAPPMA pour monter le dossier économique, sensibiliser les élus et associations, négocier avec les marins pêcheurs...
Dans son rapport moral Jacques Gjini a insisté sur cette exemplaire mobilisation qui a porté ses fruits : "C'est alors qu'est arrivé un événement inattendu le 25 août 2020 : les 17 marins pêcheurs sont disposés à arrêter définitivement la pêche au filet dans l'Adour moyennant une indemnisation. Plusieurs rencontres avec les représentants de ces pêcheurs professionnels, les représentants de notre AAPPMA et la Fédération 64, et les élus de notre secteur, confirment l'engagement des pêcheurs professionnels, mais aussi la volonté des élus pour rechercher le montant nécessaire aux indemnisations. Des contraintes administratives, les complications matérielles pour tenir des réunions en cette période de pandémie, retardent l'avancement du dossier dont la conduite a été confiée à Jean Labour, maire de Sauveterre-de-Béarn, président de la Communauté de Communes du Béarn des gaves. La démarche est toujours en cours..."
Jacques Gjini constate que "malheureusement la DREAL, dans le cadre du COGEPOMI traîne les pieds (c'est un euphémisme !) et continue à soutenir que tout va bien dans le meilleur des mondes". Et d'ajouter : "Dans cette instance, rien n'est possible, car les pêcheurs de loisir n'ont que 2 voix dans les votes et se trouvent forcément marginalisés. Les responsables du COGEPOMI (DREAL et Institution Adour en tête !) font la sourde oreille et ne veulent absolument pas entendre les arguments environnementaux (mise en péril des aloses et lamproies, saumons sur la ligne rouge etc..) et les arguments économiques : pourtant le tourisme de la pêche pourrait être fortement porteur pour relancer l'économie des vallées des gaves".
Dans sa conclusion, le président qui va confier les rênes de l'AAPPMA cette fin d'année, livre ce message : "Tout le travail que nous avons accompli, représente beaucoup d'énergie et a nécessité des efforts constants. Rien n'est encore terminé dans cette bataille, et c'est peut-être le moment où il nous faut faire preuve encore de plus d'opiniâtreté car nous savons qu'un relâchement de notre part laisserait le champ libre à ceux qui ne veulent surtout pas bouger ! C'est aussi le moment où les élus de nos vallées (maires, présidents de Communautés de communes, conseillers départementaux, conseillers régionaux, sénateurs et députés) doivent continuer à nous soutenir avec encore plus d'engagement."